Présentation

La voyante Touda raconte à ses visiteurs que chasser les mauvais esprits les aidera à trouver le bonheur

Au Maroc, l’irrationnel est presque une institution. Tout le monde a déjà été tenté, de près ou de loin, par le monde enchanté des sciences occultes. Il suffit souvent de se rendre chez une cartomancienne, de porter une khmissa autour du cou, d’égorger un poulet pour protéger un nouvel espace d’habitation, d’écouter avec un intérêt aigu les histoires de shour environnantes pour en être convaincu.

Plus de 80% de la population connaît peu ou beaucoup la chanson de l’irrationnel. En effet, l’irrationalité n’est pas l’irréalité…

Elle se traduit par des croyances, des comportements et des interactions sociales qui la projettent de l’imaginaire des sujets vers leur réel et leur vécu. Aussi, elle s’accompagne de divers ingrédients persuasifs qui la renforcent.

Dans notre société, analphabètes et intellectuels s’accrochent à ces pratiques rituelles, toutes les couches de la population dépensent énormément d’argent dans ces pratiques occultes qui peuvent varier entre 10 dhs et 5000 dhs, voire plus.

Une fois l’argent empoché, le fkih ou la voyante prononcera des paroles incompréhensibles, brûlera des parchemins sur lesquels sont écrits des mots magiques, et enfin administrera au patient une potion qui éliminera une fois pour toute ce mal qui le ronge ou lui remettra de la cendre à dissoudre dans l’eau du bain.

La plupart du temps, ce sont des femmes, toutes classes sociales confondues qui ont recours à ce genre de pratique soit pour envoûter leur conjoint, soit pour soigner la stérilité, soit pour libérer leur corps d’un djinn…

Une chose est sûre : difficile d’accéder à la protection et aux miracles des djinns sans intermédiaire. Il faut donc faire le tour des marabouts, consulter voyantes et fkihs, interroger les cartomanciennes, ou encore mettre sa khmissa…